INSA revient avec « Blanc comme les murs »

Pour la sortie du dernier volet de sa trilogie entamée, il y a quelques temps. On est allé lui poser quelques question. Ce fut le temps de revenir sur sa façon de travailler et l’évolution au fil de ses projets.


Si je comprend bien ce dernier projet est le dernier opus d’une trilogie. C’est quoi le lien
qu’on retrouve entre les 3 projets ?
Effectivement, « Blanc comme les murs » a pour vocation de compléter « Noir Clair » et « Gris
Béton ». Dans la forme, déjà, on a un lien évident entre les titres, le noir clair et le blanc des murs
sont en fait des synonymes du gris ; on a aussi le nombre de tracks et le style de morceaux qui
compose les EPs avec à chaque fois un morceau fleuve sans refrain, un ou deux morceaux un peu
plus classiques : couplet rappé/refrain chanté avec la volonté de montrer une palette vaste entre
mélodies et rap pur. Dans les thématiques abordées ensuite, j’essaie de rejoindre cette notion de
« gris » pendant les 3 EPs en essayant d’apporter de la nuance entre d’une part le coté résigné et
fataliste de ma vision de la condition des jeunes qui me ressemblent, issus de quartier et/ou de
l’immigration notamment dans leur rapport à la légalité et aux institutions, et d’autre part la quête
du « mieux » à travers la réussite financière, la quête de spiritualité, etc. Il y a un coté très
nostalgique dans ce « gris » également, dans le sens où beaucoup des gens et des situations que je
décris proviennent de ma jeunesse même si ils existent toujours aujourd’hui aux endroits où
j’habitais à l’époque, par exemple. J’ai tendance à associer des sentiments ressentis à l’écoute d’un
projet à des couleurs et je pense que le gris décrit bien l’ensemble.

photo de Barbara Corazzini


Comment tu pourrais désigner ton approche artistique. Dans le sens, as-tu des références dans
ton processus créatif, musique, film, jeux vidéos ?

J’essaie un maximum de me détacher de mes influences même si elles sont nombreuses,
musicalement à travers de la quantité astronomique de rap que j’ai écouté depuis mes 5/6 ans et à
travers les musiques afro-caribéennes que mon père a toujours énormément écouté.
Le rap a ça de beau qu’on peut y trouver plein de choses différentes, des textes très travaillés qui
veulent transmettre un message, d’autres qui veulent transmettre une émotion ou une vibe à travers
leur forme et je suis depuis longtemps attiré indistinctement par ces 2 facettes là. La musique que je
souhaite faire c’est un rap qui arrive à relier tout ça, du style, de la musicalité et un fond intéressant.


Ça parle d’Alpha Wann dans master 2 et y’a une grosse vibe Rap contestataire voir Boom
Bap des 90’s. Déjà ai-je raison ? Sinon y’a t’il des thématiques qui reviennent dans les
tracks ?

C’est marrant que tu me poses cette question parce qu’en écrivant la phrase en question je savais
que ça allait porter à confusion. Quand j’écris cette ligne on est en plein milieu du coup d’État de
juillet 2023 au Niger, un an après celui au Burkina Faso qui a suivi celui au Mali. Les paroles que
j’entends et qui résonnent à ce moment là sont celles d’Alpha Blondy en 1989 « Trop de coups
d’état en Afrique ». J’irai pas jusqu’à dire que je fais du rap contestataire ou de la dénonciation pure
mais c’est clair que je tiens à décrire les situations que je trouve injustes et inégalitaires qui peuvent
me toucher, en connaissant mes origines sociales et ethniques. Dans ces thématiques je suis très
inspiré d’un Alpha 5.20 ou d’un Despo Rutti par exemple, mais j’aurais un regard observateur plus
que militant peut-être à la manière d’un ISHA.

photo de Barbara Corazzini


Tu es un artiste qui revient souvent quand on parle de Rap Rennais.D’ailleurs tu fais croquer
les proches, on peut citer Tommy Isaac ou encore Deelay. Comment tu la vois l’évolution de la
scène Rap depuis ces dernières années ?

J’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de monde et de beau monde dans la scène rennaise et c’est
assez plaisant. Je suis très content de voir l’évolution d’un Young Poor Alo ou l’émergence de plein
de jeunes artistes à travers l’émulation qu’ont pu provoquer Datitcha avec ses Open Mics au Penny
Lane ou les beatmakers qui ont sorti des projets, je pense à Roolio ou à Leks par exemple.


Au fil de tes projets, quelle évolution tu vois émerger dans ta pratique ? On sent plus de
revendication et d’assise, comme si il y avait plus de légitimité à revendiquer.

Je pense que l’évolution elle vient du fait que j’ai trouvé où me situer dans ce que je raconte dans
mes textes et du fait que j’ai atteint un certain niveau de maîtrise technique qui fait que j’ai plus
forcément envie de forcer des rimes ou d’exhiber de la technique pour la technique. En en discutant
avec d’autres artistes je me suis rendu compte que simplifier et rendre plus abordable son propos
c’était pas forcément le trahir mais souvent plutôt le rendre plus clair. A partir de là exposer mes
idées et mon ressenti ça s’est fait de plus en plus naturellement et c’est plus facile de tenter de
nouvelles choses.

photo de Barbara Corazzini


Comment tu t’entoures sur ce genre de projet, tu bosses avec qui pour les instrus et la
mastérisation ?

J’ai une équipe de beatmakers assez resserrée, en règle générale je compte sur Roolio et Deuzé
principalement et sur d’autres têtes que je connais bien comme Leks ou Deelay (mon manager).
Pour l’enregistrement je fais ça soit dans le studio de Roolio (la maison TVB) ou dans celui de
Kreema et Leks, c’est mixé sur place puis masterisé par Kreema. Ce sont des gens avec qui je
travaille depuis longtemps donc c’est assez intuitif et je pense que ça se complète bien.


Comment tu comptes fais vivre le projet ? Une tournée, des concerts à venir pour qu’on puisse
voir ça en live ?

Il y a déjà des concerts de prévu et j’ai l’intention d’en faire de plus en plus pendant cette année,
pour défendre ces 3 derniers projets justement.


As tu un dernier mot à faire passer ?
Allez écouter Blanc comme les murs, Gris Béton et Noir Clair partout sur les plateformes et vive le
rap rennais.

Retrouvez le travail de INSA à cette adresse

https://linktr.ee/insa.hpb

Written By: L'Hermite Sombre